Beatrijs Albers et Reggy Timmermans

– Peut être 2023

Beatrijs Albers & Reggy Timmermans considèrent leur travail comme un «peut-être». C’est-à-dire qu’il est en quelque sorte indéfini. Cela pourrait être interprété négativement, mais en fait, le verre est à moitié plein plutôt qu’à moitié vide. Après tout, un «peut-être» implique aussi un potentiel, une possibilité.

Les objets à partir desquels ils construisent leurs installations sont des «quasi-objets», terme fréquemment utilisé par Bruno Latour, notamment dans son ouvrage «Nous n’avons jamais été modernes» (année). Il reprend ce terme au philosophe Michel Serres, qui l’a peut-être lui-même trouvé chez l’écrivain et lauréat du prix Nobel José Saramago. En effet, dans son livre du même nom, au chapitre ‘Choses’, les choses ont une volonté propre. Cela commence par un vase en verre qui disparaît sans laisser de trace, suivi par les marches d’un escalier, des portes d’entrée, puis des bâtiments entiers. Pour Latour, Serres et Saramago, les quasi-objets sont le point médian entre l’humain et le non-humain, donnant surtout la parole à ce dernier. Après tout, les choses existent aussi indépendamment de la façon dont elles apparaissent à notre conscience.

Pour développer leur travail, Albers & Timmermans aiment s’inspirer des idées des philosophes et des écologistes qui réfléchissent et travaillent autour de la conscience toujours plus grande mêlant l’humain et le non-humain, de l’effacement de la frontière entre les deux, entre autres en raison de l’essor de l’intelligence artificielle. Comme Latour, par exemple, ils pensent que les objets ne sont pas isolés mais inclus dans un vaste réseau de connexions. Ainsi, pour citer Tristan Garcia, il s’agit de savoir ce qu’il y a dans la chose et ce dans quoi la chose est.

Pour leur installation, Albers & Timmermans ont travaillé sur une liste de mots et de phrases en rapport avec les objets qu’ils présentent, mais aussi le château, le centre social, le parc, la nature, certains détails architecturaux. Ils ont ensuite divisé ces mots en paires telles que nature-culture, nature-histoire, sujet-objet, qui ont ensuite été introduites dans un programme d’IA. Celui-ci a transformé les mots en formes hybrides.

Les images et les objets proposés par cette IA ont ensuite été transformés en trois dimensions et inclus dans une installation «évolutive». Ici, le matériau de ces quasi-objets est au moins aussi important que les objets eux-mêmes. En activant les idiosyncrasies immanentes des matériaux, leur comportement chimique et physique devient visible. Et donc de nouvelles possibilités.

Beatrijs Albers (°1959, Leuven)

Reggy Timmermans (°1959, Etterbeek)

Beatrijs Albers et Reggy Timmermans vivent et travaillent entre Bruxelles et Luché-Pringé. Ils développent une pratique artistique qui englobe la sculpture, la vidéo, l’installation et les technologies numériques. Leur travaux interrogent la subjectivité des données empiriques en les dépouillant de leur signification habituelle afin d’ouvrir un champ contingent et illimité de possibles.

Ce site web utilise des cookies. En cliquant sur «Accepter», vous acceptez notre politique de confidentialité.