Berlinde De Bruyckere

Berlinde De Bruyckere

– Nicht Schlafen 2016 – 2023

Alain Platel & Mirjam Devriendt

– Why we fight? | Documentaire créatif (2022, 98’)

L’artiste plastique Berlinde De Bruyckere a élargi son champ de travail aux arts scéniques, notamment en étroite collaboration avec la photographe Mirjam Devriendt et le réalisateur Alain Platel. Il en va de même pour le documentaire Why We Fight? (2022) de ces deux derniers. Le film est inspiré d’une scène issue du spectacle de danse Nicht Schlafen qu’Alain Platel a réalisé en 2016 avec sa troupe Les ballets C de la B, la scénographie étant signée Berlinde De Bruyckere. Le spectacle pose entre autres la question de savoir pourquoi il y a tant de violence inutile et gratuite. Cela avait mené à des débats avec les danseurs, qui étaient à la fois confrontants et purificateurs, et parfois alarmants. Dans le documentaire, la question est à nouveau posée à plusieurs personnes et ouverte ainsi à un public.

Le festival montre l’installation Nicht Schlafen, 2016-2023 dans le cadre de LANDSCAPES | Feel Flanders Fields. Le décor que l’artiste a conçu pour le spectacle de danse se compose d’une grande toile qui ressemble à un drap usé et d’une sculpture de cheval, le tout accompagné de la bande son du spectacle. Le documentaire est présenté dans une pièce à part.

Les chevaux sont un élément récurrent dans l’œuvre de Berlinde De Bruyckere. Pour un projet au In Flanders Fields Museum à Ypres, elle avait été en résidence d’artiste pendant toute une année en 1999 et avait ainsi pu avoir accès à toutes sortes d’archives. Ce qui l’a beaucoup marquée était l’image de chevaux, ventre gonflé, qui avaient été laissés ainsi dans la ville ou sur le champ de bataille. Elle a associé l’innocence de cet animal, qu’on a utilisé comme machine de guerre, au nombre colossal de soldats qui ont été tués sur le champ de bataille durant la Première Guerre mondiale, mais aussi au nombre de personnes qui ont fini orphelins ou veuves. Le cheval est alors devenu une métaphore de la mort et d’une perte gigantesque, incalculable.

Tant dans l’installation que dans le documentaire, le cheval symbolise également l’agression inexplicable et inutile, ainsi que la vulnérabilité. L’artiste raconte que les gens aiment toucher et caresser ses sculptures de chevaux, comme pour compenser en quelque sorte l’injustice faite à ces animaux innocents, mais certainement aussi pour exprimer notre impuissance envers une forme de violence tellement propre à l’homme. La peau est un élément important dans les œuvres plastiques de Berlinde De Bruyckere. Elle forme littéralement la ténue membrane entre l’émoussement et la sensibilité.

La guerre en Ukraine montre que l’horreur de la Première Guerre mondiale peut encore avoir une suite. L’installation tout comme le film sont plus actuels que jamais. Le fait d’exposer l’œuvre dans un ancien quartier général militaire de la Première Guerre mondiale est plus que symbolique.

Berlinde De Bruyckere (1964, BE)

Dans ses sculptures, Berlinde De Brucykere nous montre le corps et la vie dans toute sa vulnérabilité. Ses installations de corps de chevaux et de corps évoquent un sentiment de confort et de caresse, mais aussi de peur et de violence. Depuis plus de vingt ans, elle travaille sur un vocabulaire qui lui est propre, au sein duquel se déploie peu à peu une approche raffinée et mélancolique de l’homme et de la société, avec toujours en soi l’idée porteuse d’espoir et de consolation d’un changement, d’une métamorphose, voire d’une guérison.

Alain Platel (1956, BE)

Alain Platel est aujourd’hui l’un des chorégraphes belges les plus renommés. Orthopédagogue de formation, il est metteur en scène autodidacte. En 1984, il a cofondé la compagnie de danse « Les ballets C de la B ». Voici une sélection de ses pièces : C(H)OEURS (2012, à la demande de Gerard Mortier), Gardenia (2010, avec Frank Van Laecke), Out Of Context – for Pina (2010), Nicht Schlafen (2016) et Requiem pour L (2018).

Mirjam Devriendt (1961, BE)

En collaboration avec l’artiste primée Berlinde De Bruyckere, la photographe et artiste visuelle Mirjam Devriendt a créé de nombreuses installations vidéo pour des opéras et des expositions, notamment pour De Munt, le Holland Festival, le Muziektheater Transparant et le B’Rock Orchestra.

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