Griet Dobbels
– La Vache et la Chèvre 2023
Le paysage, les zones frontalières, la nature, la culture et la façon dont on les aborde sont des thèmes importants dans l’œuvre de Griet Dobbels. Elle aime en outre avoir recours à des oppositions pour pouvoir ainsi adopter un point de vue objectif.
Pour sa contribution à Watou, cette artiste utilise la dialectique de l’humain et du non-humain en opposant et en reliant des paysages, des régions frontalières, des paysans, des animaux, des zones, des manières de voir les choses, des artistes et des caméras. Dans sa vidéo, le regard d’objectivité est véhiculé par la vache et la chèvre.
Griet Dobbels met en relation un agriculteur de Watou et sa vache à un paysan d’Al Masara, près de Bethléem en Palestine, et sa chèvre. Leurs régions se situent toutes deux sur une frontière, dans un paysage changeant, et portent toutes deux les stigmates de frictions historiques. L’un des paysages témoigne des évènements relatifs à la Première Guerre mondiale il y a plus de cent ans. L’autre porte encore les séquelles d’une décision de la même période, la Déclaration Balfour de 1917, dans laquelle le gouvernement britannique se déclare en faveur de l’établissement d’un « foyer national pour le peuple juif » en Palestine.
Les paysans voient leur existence menacée dans les deux régions pour diverses raisons politiques, économiques et écologiques. Le paysage dit calme ou naturel et original connaît dans les deux cas une réalité journalière qui est loin de là, même en partant d’un autre point de départ.
Sur la base de ces oppositions, Griet Dobbels se pose différentes questions.
Les animaux sont-ils capables de montrer les frictions cachées dans le paysage ? Allons-nous peut-être, en mettant davantage l’accent sur le petit et le local, adopter une vision plus vaste et donc différente ? Comment les paysans se comportent-ils vis-à-vis du paysage, de leurs terres ? Comment l’agriculteur travaille-t-il dans un contexte de décisions écologiques actuelles dans une Europe occidentale très peuplée, et ce, en comparaison avec le paysan en Palestine dans une zone occupée ? Qu’est-ce que la terre ? Comment gèrent-ils les situations écologiques et géopolitiques changeantes ? Voient-ils un avenir ? Y a-t-il un avenir ?
En installant une caméra sur la tête de la vache et de la chèvre, Griet Dobbels les fait filmer leurs paysages respectifs. Les images des deux points de vue ont ensuite été combinées, sur un texte de Lotte Dodion qui est né d’une quête commune d’égalité en matière d’image, de texte, de langage et de son, avant même que les images ne soient montées.
Merci à la Fondation Al Ma’mal (Jérusalem) ainsi qu’aux paysans Wouter Pety et Abdullah Zawahre et à leurs familles respectives.
& Lotte Dodion
– TROUPEAU(X) de pensées
°1964, Roeselare
Griet Dobbels travaille à Nazareth (B). Elle recherche des lignes invisibles dans le paysage et les traduit en dessins, installations vidéo, sculptures ou performances. Elle travaille avec des contradictions (apparentes) : culture nature, local global, contrôle du chaos. En termes de contenu et de forme, elle cherche des frontières et s’efforce d’atteindre une position d’objectivation.