Marc Hamandjian
– Watou Watou 2023
Le travail de Marc Hamandjian se caractérise par le concept de l’exploration. Dans ses installations, il utilise souvent des objets mobiles et des véhicules tel que caravanes, pédalos, monospace ainsi que des salles d’attente d’où l’on pourrait partir. Cependant, ils sont tous à l’arrêt, prêts à partir, ou peut-être viennent-ils d’atterrir. Les caravanes évoquent les vacances, le nomadisme mais aussi une forme d’exploration. Mais de quoi s’agit-il ? Un certain champ de tension apparaît, dans lequel notre imagination est particulièrement sollicitée. D’où viennent ces véhicules et ces espaces, à quel monde appartiennent-ils ? Malgré leur identité proche de la science-fiction, ils sont très fermement ancré sur terre. Dans ses modèles et ses sculptures, Hamandjian aime se référer à l’architecture et au design futuristes des années 1960, l’époque qui correspond non pas seulement avec la mission Apollo mais aussi avec sa naissance. Les antennes de ses mobiles hybrides pointent vers un autre monde, mais les images extraterrestres qu’elles captent sont celles de la Terre auxquelles Hamandjian nous confronte dans des collages vidéo. Des options sont proposées pour quitter la Terre, pour des vacances en caravane dans l’espace ou en Vespa via une impressionnante rampe de lancement. Dans les deux cas, il existe une sorte de guichet où l’on peut s’inscrire. Cependant, un panneau intitulé «Quitter la terre ?» n’est pas tant une invitation qu’une interrogation. Quelques soit les projets ou dispositifs il s’agit surtout d’une possibilité, mais jamais d’un départ réel et donc précisément d’un questionnement.
Pour le festival, Hamandjian a mis au point une sorte de station de signalisation proche d’un « beffroi », une grande tour avec des antennes paraboliques construite sur et autour d’une petite caravane. Le titre «Watou Watou» fait référence à la série d’animation française «Wattoo Wattoo» des années 1970. Dans cette série, un petit personnage hybride, mi-oiseau, mi-poisson, vivant sur la planète carrée Auguste, vient régulièrement en aide à la terre et à ses habitants dans toutes sortes de problèmes écologiques et sociaux. La séquence est partiellement diffusée sur un grand écran installé sur la caravane. De manière ludique, imaginative et légèrement absurde, cela crée un lien fort avec nos problématiques contemporaines. La question qui se pose ici est de savoir s’il faut laisser la terre derrière soi ou au contraire l’explorer.
Merci à Jean-Michel Gascuel, producteur de la série NFR «Wattoo Wattoo le retour !»
1966, FR
L’univers de Marc Hamandjian se situe quelque part entre l’utopie et la science-fiction. Ses véhicules hybrides et ses habitats sont d’une blancheur immaculée et attendent d’être découverts ou explorés, tandis que les titres de ses œuvres font souvent allusion à un autre cosmos qui pourrait bien être terrestre. Influencée par l’humour et l’ironie de Philip K. Dick, une « distance conceptuelle » provoque « un problème de reconnaissance » pour le spectateur.