Öznur Özturk
– Intermix 2023
Le projet d’Öznur Özturk repose sur la diversité. Ayant grandi à Genk, ville où différentes cultures se croisent sans que l’une ne domine l’autre, elle est partie à la recherche de ce que la diversité pouvait signifier à Watou. Inévitablement, il est alors vite question de la langue (la rencontre du flamand et du français) et la vie dans une région frontalière. Les gens qui vivaient en France mais qui allaient à l’école à Watou, les mariages mixtes franco-flamands. La couleur de peau, l’ethnicité, le genre ou l’âge importent moins. Elle a toutefois trouvé aussi quelques habitants d’une autre origine, venant d’Anvers ou même de Turquie. Dans leurs familles, les cultures se mêlent, créant ainsi une nouvelle identité.
Une influence très fréquente à Watou est la foi. En raison de son emplacement, l’église joue un rôle central à Watou et constitue un point commun important pour de nombreux habitants. C’est un lieu qui non seulement rassemble les gens, mais qui crée également une barrière pour ceux qui n’y adhérent pas. L’architecture et l’intérieur sont en quelque sorte des points de repère qui apportent un sentiment familier à l’artiste. Elle a été élevée avec des valeurs et des normes islamiques, mais s’est toujours rendue à l’église catholique.
En sa qualité de photographe, il était évident pour elle de travailler avec des portraits. Les rencontres avec les familles aux cultures mélangées ont constitué le point de départ. Ce sont surtout les enfants qui ont attiré son attention, car à l’avenir, ils créeront une plus grande diversité dans le village et ses environs. En même temps, elle entend donner une nouvelle dimension à son travail et elle a réalisé à cette fin une sculpture inspirée des tableaux d’autel en tant que support pour ses photos. Ses autres sources d’inspiration sont les salles de prières islamiques, mais aussi les fleurs présentes dans le paysage autour de Watou. La colombe, qui symbolise aussi pour l’Église la présence du Saint-Esprit, la liberté, la paix, la confiance, l’amitié et l’amour, occupe une place centrale.
Le résultat final est une sorte d’autel qui n’a volontairement pas été installé dans l’église, mais dans le château De Lovie. Ainsi, le thème d’une identité mixte et du déracinement est d’autant plus approfondi.
La commune d’As a mis à la disposition d’Öznur Özturk un atelier où elle a pu réaliser la partie bois.
& Radna Fabias
– j’aimerais revoir ça au vu de ce qui se passe maintenant
Öznur Özturk [Hasselt, 1989] vit à As et travaille à Genk/Anvers. Öznur a présenté son travail dans diverses expositions collectives comprenant des vidéos, des photographies, des médias mixtes et des textes. En 2015, elle a obtenu un master en arts visuels/photographie à la LUCA, l’école des arts de Genk. La même année, elle a remporté le prix du public Wanatoe et a été sélectionnée pour de nombreuses expositions telles qu’Europalia Turquie et le festival d’art d’Ulbeek.