Proximité, 2023

L’un des aspects auxquels cette édition de Watou consacre une attention particulière est la proximité de la France. C’est ce qui a le plus marqué Niels Albers lors de sa visite dans le cadre de Patchwwwork. Il est vite allé faire une promenade jusqu’à la frontière avec la France et n’y a découvert qu’un simple petit ruisseau et un pont. Il semble pourtant y avoir un monde totalement différent de l’autre côté de cette frontière qui a continué à le fasciner.

Comme Niels Albers a pu le constater, une frontière au sein de l’Union européenne ne constitue actuellement plus un véritable obstacle, mais représente plutôt une ligne de transformation entre les cultures et les langues. Il a découvert que, depuis Watou, la distance réelle jusqu’à la France est certes petite, mais que la distance mentale semble bien plus grande. De chaque côté de la frontière, on parle en effet de moins en moins la langue de l’autre, et du côté français, on ne connaît guère le festival ou on ne veut pas y collaborer, comme l’agriculteur établi juste à la frontière.

L’œuvre de Niels Albers tire souvent son inspiration dans le lieu et son histoire. Il a ainsi appris qu’une grande partie du Westhoek est la seule zone qui n’a jamais été occupée par l’armée allemande en Belgique. Les tranchées avoisinantes y ont sûrement été pour quelque chose. Il s’inspire de cette information à propos de la guerre pour son project à Watou, qui se trouve juste à la frontière. Depuis le côté flamand, on dirait d’abord que c’est la façade latérale aveugle d’une maison comme on en voit souvent en Flandre. Mais de l’autre côté, du côté français, le visiteur découvre un empilement organique de sacs de sable qui donnent l’impression de soutenir ou de renforcer le mur. Les sacs de sable assurent une protection, mais des petits arbres poussent sur certains et il y a aussi un filet d’eau qui s’écoule vers le ruisseau. Tout cela est symbolique, car non seulement le nom Watou vient du mot « water », l’eau, mais cette dernière est bien sûr aussi une source de vie. La frontière qui est ainsi formée par le ruisseau l’est donc également. Le nombre de petits arbres est en outre basé sur la quantité de CO2 émise par Niels Albers pour le trajet aller/retour jusque Watou et la réalisation de son œuvre.

Depuis les sacs de sable, le visiteur peut voir la France, au-delà de la frontière. Il peut y admirer le paysage, mais aussi réfléchir aux frontières géographiques et mentales souvent invisibles. L’idée, une fois le festival terminé, est que ces petits arbres soient offerts à différents habitants de Watou, afin qu’ils grandissent et puissent ainsi capturer du CO2 et exister plus longtemps que juste dans le souvenir des personnes qui auront visité le festival.

Merci à la pépinière ‘t Graafschap.

   & Ilya Kaminski               

– Debout devant une maison en sacs de sable

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