Sven Boel

– Épuisé 2023

L’un des aspects sur lesquels travaillent différents artistes de Patchwwwork est l’eau, et surtout le manque d’eau. Watou, en tant que communauté agricole typique, dépend grandement de l’eau, une problématique qui se manifeste également dans le monde entier. En soi, on n’en voit pas beaucoup dans le village, et Sven Boel a constaté que les agriculteurs ne peuvent pomper l’eau du ruisseau Heidebeek pour l’utiliser sur leurs terres qu’à certains moments. L’étymologie du nom « Watou » est pour lui une autre source d’inspiration. Durant le Moyen Âge, cette localité s’écrivait Watua et parfois aussi Watewe, Wathewa, Watuwa, Wateeuwe, Watue ou encore Watuwe, qui signifient tous prairie marécageuse. Mais ce n’est plus le cas depuis longtemps pour le Watou qu’on connaît en 2023 : la terre est desséchée, au sens propre comme au figuré.

Sven Boel exprime tout cela en choisissant de donner à son installation la forme en soi simple d’un puits (éphémère). Le puits occupe depuis tout temps une place importante au sein d’une communauté, l’eau déterminant l’endroit où l’on va s’établir. Durant l’été 2022, plusieurs de ces puits se sont taris dans le monde, ce qui, pour nombre de gens, a tiré la sonnette d’alarme sur les conséquences du réchauffement climatique.

À première vue, le puits de Sven Boel semble tout à fait normal et fait même un peu penser à un puits à souhaits tiré d’un conte. Toutefois, il y a quelque chose qui cloche : le puits est en réalité si haut qu’il est quasi impossible de s’en servir. La profondeur (et donc aussi la hauteur du puits) est déterminée par le niveau de la nappe phréatique.

Puisqu’il s’agit d’un puits éphémère, l’artiste n’a pas utilisé de composants chimiques lors de sa construction, pour des raisons écologiques. Sven Boel a surtout voulu employer une ancienne méthode où le mur du puits est soutenu par des poutres en bois. Le mortier utilisé pour les pierres se compose d’argile, de paille et d’excréments d’ânes ou de chevaux.

La dualité du visible et de l’invisible est une donnée essentielle pour l’artiste. Dans le cas présent, le puits creusé non visible qui devient visible grâce au mur construit tout autour. Sven Boel utilise la terre extraite pour fabriquer les pierres du puits, qui sont des pierres en argile ou en glaise séchées à l’air libre. Enfant, l’artiste aimait déjà jouer avec de l’argile qu’il extrayait lui-même et c’est alors qu’il a découvert l’importance de l’eau pour obtenir une matière qu’il est possible de travailler, chose qu’il redécouvrira plus tard en travaillant en tant qu’artiste et qu’il utilisera dès lors dans ses sculptures et ses performances.

   & Nisrine Mbarki  

°1985, BE

Sven Boel réalise des sculptures et des œuvres performatives. Il explore les (im)possibilités cachées dans le langage. C’est le mouvement de va-et-vient entre le langage, la « réalité » et l’image qu’il veut façonner. Ce faisant, il joue sur des mécanismes tels que la reconnaissance, le décalage, l’association, …

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