Wouter Vanderstede et Peter Simon
– L’art de labourer 2023
Wouter Vanderstede et Peter Simon veulent rendre visible le travail des agriculteurs autour de Watou. Lors de leur séjour à Watou durant l’été 2022, les nombreuses allées et venues de tracteurs et les heures de travail impressionnantes des agriculteurs leur ont fait forte impression.
Le duo s’est demandé si l’on pouvait faire de l’art à partir du dur labeur des paysans, et si l’opposition entre le travail et l’art peut ainsi être surmontable. Les agriculteurs travaillent dans une autre réalité que le festival, à peine visible pour les autres. Grâce à un système de traceur GPS embarqué dans leur tracteur, leur travail est désormais rendu observable par les visiteurs et les gens du village.
La singularité pour les agriculteurs est qu’ils parcourent mètre par mètre le terrain communal périphérique pour pouvoir travailler la terre. Leurs routes GPS ne sont par conséquent pas uniquement constituées de lignes, comme pour les autres usagers de l’espace : le travail des paysans génère en fin de compte des surfaces. Au fil de la saison, ils colorent progressivement les surfaces. De par son travail, l’agriculteur apporte de la couleur à l’environnement et c’est ce spectacle que les deux artistes ont voulu documenter et visualiser.
Wouter Vanderstede et Peter Simon ont trouvé quatre familles d’agriculteurs prêtes à collaborer à leur projet. Chaque paysan participant a reçu un traceur GPS à placer dans son tracteur. Les mouvements de ce dernier sont transmis et enregistrés, chaque agriculteur a donc une
« signature » unique. L’arrière-plan géographique n’est pas repris dans la visualisation finale, créant ainsi une image plus abstraite. Les motifs de déplacement de chaque agriculteur sont présentés côte à côte sur des écrans, comme dans une salle de contrôle.
Les activités des agriculteurs sont répertoriées chaque jour et la carte se colore de plus en plus. Les heures de travail impressionnantes y sont également intégrées grâce à un horodatage.
Les deux artistes espèrent qu’après avoir vu ces images vidéo, les visiteurs observeront plus attentivement les activités des paysans, car il est bien entendu possible aussi de les suivre dans la vie de tous les jours.
& Luuk Gruwez
– Agriculture
Avec la collaboration de Patrick, Wietse et Jelle Debaene, Johan et Chiel Decalf, Chiel et Patrick Lemahieu-Ameloot, et Jasper et Marc Igodt.
– Sous les combles 2023
Lors de leur séjour à Watou, Wouter Vanderstede et Peter Simon ont amassé de nombreux objets qui constituent la base d’une installation volumineuse dans le grenier de la Maison du festival. Ils ont voulu y créer un univers poétique, en jouant sur les qualités cachées de l’espace offert par le grenier. Pour la construction de leur installation, ils ont engagé un dialogue avec les enfants du campus de l’académie des Beaux-Arts de Poperinge. Le lien avec le village naît donc d’une interaction avec l’espace en question, les matériaux trouvés localement et les gens du village.
Les visiteurs se déplacent à travers les installations réparties le long d’îlots épars aux constructions fragiles. L’installation est axée sur le fait de rendre visibles l’unicité et la beauté des objets trouvés. En mettant les choses en relation, leurs caractéristiques uniques relatives à la forme ou la matière sont mises en lumière et agrandies.
Les constructions sont fragiles, sous tension. À première vue, elles semblent un peu chaotiques, mais en y pénétrant avec prudence, le visiteur découvre alors les lignes, les différents sous-espaces et les relations mutuelles. Il ne s’agit pas de liens univoques, mais de liens très ouverts entre les choses. Parfois par rapport à la forme, parfois à la narration ou à la poésie. Cela incite le visiteur à créer ses propres histoires ou à concevoir lui-même des « poèmes » à partir d’images.
Les deux artistes considèrent le grenier de la Maison du festival comme un endroit fantastique et fascinant pour leurs installations. Ils y jouent sur l’histoire et les différentes traces d’utilisation du lieu. L’œuvre est construite autour des curiosités subtiles du bâtiment ainsi que de la forme et la matérialité des objets trouvés.
& Lisette Lombé
– Sous les toits des cœurs
— Cicatrices 2023
Dans ce projet, Wouter Vanderstede et Peter Simon rendent visibles ce qu’on appelle les micro-cicatrices dans le paysage du village. En les reproduisant sur des T-shirts, il est alors possible de les porter. Les artistes entendent ainsi poser un certain nombre de questions sociales relatives à la commercialisation ou non du paysage.
Les cicatrices sont des témoignages de la douleur ou de la croissance, ainsi qu’un signe de l’évolution et de la dynamique. Elles apparaissent suite à des accidents, des erreurs, des modernisations, la croissance, la vieillesse, la pression… et suscitent parfois de grandes émotions. Mais parfois aussi, elles se trouvent simplement là, à peine visibles et dénuées de toute émotion.
Métaphoriquement, on parle également de « cicatrices dans le paysage ». En partant de cette idée, Wouter Vanderstede et Peter Simon ont documenté le paysage dans/autour de Watou et en ont étudié les formes, en s’intéressant surtout aux imperfections peu significatives du changement.
Par le biais d’une technique d’impression qu’ils ont développée eux-mêmes, ils ont transféré les micro-cicatrices sur des T-shirts. Les deux artistes reproduisent ainsi la petite histoire de Watou et documentent l’histoire qui se cache derrière la cicatrice. Chacun de ces T-shirts est unique. Le processus d’impression a souvent laissé quelques traces derrière lui : des petits cailloux, un peu de terre ou de mousse… Des choses qui ont donc été enlevées au paysage. Là où une empreinte a été prélevée, les résidus des techniques d’impression restent visibles sur place, modifiant donc l’endroit.
À l’étape suivante, ils se posent cette question fondamentale : est-il possible ou autorisé de commercialiser le résultat ? Ils continuent donc à copier et à reproduire les cicatrices avec une technique plus classique, la sérigraphie. Mais les micro-cicatrices peu significatives sont-elles assez intéressantes pour être portées ? Cela se fait-il de les commercialiser ? Et l’œuvre perd-elle de sa valeur lorsqu’elle est portée en tant que T-shirt ?
& Delphine Lecompte
– Les blessures qui m’ont été portées / les cicatrices que j’ai infligées
Vanderstede 1976, BE
Simon 1983, BE

Foto: Serge Van de Voorde
Peter Simon et Wouter Vanderstede partent de la matérialité et de l’unicité du lieu : ils réagissent aux traces d’utilisation des bâtiments, utilisent des objets trouvés sur place, impriment les textures du sol ou visualisent les schémas spatiaux des habitants. En duo, ils réalisent des installations in situ. Ce sont des bricolages fragiles qui remplissent l’espace et dans lesquels on peut entrer pour découvrir des mondes microscopiques.